Nicolas Salgado : « L’estimation budgétaire donne sa forme au projet »

Lorsqu’il s’agit de projet de construction, de transformation ou de rénovation, le besoin d’une estimation précise revêt la même importance pour le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage, tous deux unis dans la crainte du dépassement budgétaire. Or, il est de coutume de procéder à des évaluations fondées sur des approches au ratio (m2 et/ou m3), qui permettent de se faire une idée, certes, mais pas d’esquisser une enveloppe financière fiable.
Bativert propose une approche plus aboutie dès la phase d’avant-projet : nous calculons dès le départ au plus juste, afin de bâtir le projet sur des bases réalistes et d’en faciliter l’évolution, puis la mise en œuvre.
Nicolas Salgado, responsable de la planification générale, nous dit tout sur la « calculation », pilier de la réussite d’un lancement de projet au bénéfice de la maîtrise d’ouvrage.

Bativert. Pourquoi faire l’effort d’un budget précis en phase d’avant-projet ?
L’élaboration budgétaire dépasse l’image mentale pour spécifier les éléments de formes, de fonctions, d’équipements, d’embellissements qui vont constituer la matérialité du projet, tant structurelle que dans le processus de construction. Elle énonce les bases d’une relation claire et transparente avec l’architecte et le maître d’ouvrage.

Sur quelle méthode vous appuyez-vous ?
Nous ne nous fondons pas sur l’estimation au ratio, qui, bien qu’autorisant un premier périmètre, fait perdre un temps considérable en rattrapage et réajustements, pour rentrer dans le cadre d’allocations.
Nous préférons poser les bonnes questions et rester dans la faisabilité grâce à un chiffrage précis et détaillé établi selon le code des frais de construction (CFC) édité par le Centre suisse d’études pour la rationalisation de la construction CRB.
Ce système permet de rationnaliser l’ensemble des coûts générés par un projet, depuis sa conception jusqu’à sa réalisation. Cela inclut l’acquisition du terrain, les frais liés au bâtiment, les coûts des installations, des aménagements et des équipements extérieurs, ainsi que tous les honoraires et frais accessoires divers.
Le CFC est un outil de travail axé sur l’exécution, utilisé depuis des décennies, qui constitue une base commune pour les concepteurs, les entrepreneurs, les maîtres d’ouvrage, et les investisseurs, il permet ainsi la subdivision des coûts par catégories.

Et comment procédez-vous ?
Pour une estimation efficiente, nous utilisons une approche au métré par élément, détaillant chaque composant du projet. Cette technique offre une sécurité accrue en termes de quantitatifs, même si les prix unitaires sont, selon le contexte du projet, à considérer comme évolutif. En effet, et selon le degré de précision de la définition des besoins préalable du client, certains prix unitaires sont intégrés de manière hypothétique, mais toujours concordant avec le standing de l’opération, et pourront donc évoluer en fonction des choix finaux effectifs du client.
L’approche au métré sécurise une partie significative du devis par une quantification précise, contrairement à une simple estimation au ratio. Cette méthode facilite une meilleure gestion des attentes des clients.

Exploitez-vous cette méthodologie de la même manière pour les maîtres d’ouvrage ou les architectes maîtres d’œuvre ?
Bativert peut intervenir comme architecte, en assistance à maîtrise d’ouvrage ou en consortium avec d’autres architectes. Nous possédons une expérience étendue en entreprise générale-totale et en gestion de chantiers, ce qui nous permet de sécuriser les coûts efficacement, du début à la fin. Nos devis sont décomposés par lots et intègrent les honoraires des mandataires, la direction de travaux, et un planning d’ensemble.

En rénovation et transformation, comment gérez-vous les risques ?
Nous prenons de grandes précautions en amont, par l’étude typologique et fonctionnelle de l’existant, y compris historique. Nous allons en profondeur au moment de l’estimation, ce qui rassure le donneur d’ordre et permet de vivre avec plaisir le processus de réalisation.
Dans chaque dossier, nous identifions trois catégories de risque, à savoir financier, de planification et technique, ainsi que six principes à observer pour les anticiper et les maîtriser :
Vigilance « coûts-délais-qualité » : il s’agit de maintenir une surveillance constante sur les dépenses, les échéances et la qualité afin d’assurer la cohérence contractuelle du projet.
Qualité « entrepreneuriale » : nous adoptons une mentalité proactive et orientée vers les résultats, rendue possible par notre structure agile et l’engagement de chacun de nos intervenants à chaque étape de réalisation.
Pragmatisme : notre expérience cumulée nous invite au réalisme ; nous apportons des solutions concrètes et durables, dans le respect de la vision architecturale initiale.
« Juste qualité » et non « surqualité » : nous garantissons le niveau de qualité contractuelle, toujours dans la recherche d’une valeur ajoutée significative au profit du maître d’ouvrage. De plus, notre fonctionnement dans la gestion de projet se fonde sur l’idée de rationalisation. Nous prônons des procédures simples, lisibles et transparentes en lieu et place des processus « indigestes » de certains constructeurs. En d’autres termes, pour gérer un projet, nous ne remplissons et ne cochons pas des cases dans un tableau, mais analysons le fond de chaque sujet afin de faire prendre les bonnes décisions et orientations à nos partenaires et clients.
Lien de proximité avec les utilisateurs : nous alimentons une communication fluide et productive avec les utilisateurs finaux pour s’assurer que leurs besoins et attentes soient bien compris et intégrés au projet.
Attention « énergétique – environnementale » : nous prenons en compte l’ensemble des aspects énergétiques et environnementaux du projet, pour garantir sa durabilité et sa conformité aux réglementations et aux attentes environnementales. Le volet énergétique est au centre de chacune de nos décisions et réflexion durant tout le processus de la gestion d’un projet.

Comment convainquez-vous vos clients de partir sur le principe du devis détaillé, à un stade où l’on se voit souvent proposer une simple estimation ?
Nous apportons une valeur ajoutée déterminante en les accompagnant dès la phase conceptuelle amont. De là, il est plus facile de minimiser les coûts et de répartir judicieusement l’allocation des actifs, tout en garantissant la qualité du projet. Notre structure, qui réunit architectes, ingénieurs et techniciens, permet une gestion rigoureuse des risques financiers, d’assurer une rentabilité équilibrée et de cultiver l’enthousiasme inhérent à l’acte de construire.

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